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Ennemi public N°1 l' amanite phalloïde

Tous les ans, les médias rapportent des cas d'intoxications graves ou mortelles après consommation de champignons de récolte familiale, à 95% ces intoxications sont dues à l'amanite phalloïde que chaque amateur devrait apprendre à connaître en priorité.

En fait dans nos régions, le nombre d'espèces très toxiques est relativement faible et elles sont bien connues, mais avec l'engouement actuel pour les productions naturelles et une connaissance approximative des espèces récoltées, la consommation a augmenté et la liste des champignons toxiques plus ou moins graves s'allonge, tel champignon déclaré comestible il y a quelques années est maintenant considéré avec beaucoup plus de précaution ( exemple le paxille enroulé, autrefois reconnu comme comestible, est aujourd'hui considéré comme toxique et dans certains cas mortel), pour les champignons réputés comestibles il faut tenir compte de la sensibilité particulière de chacun, des intolérances et des allergies fréquentes.

Des champignons altérés ou trop vieux peuvent également causer des indispositions. De plus on sait que les champignons ont la propriété de concentrer dans leur chair des substances toxiques présentes dans le milieu où ils poussent, on évitera donc les récoltes en bordure de routes où les gaz d'échappement déposent des composés au plomb, ou en régions soumises à des fumées industrielles, où s'accumulent des composés mercuriels, ces métaux lourds sont particulièrement toxiques et les doses ingérées s'accumulant repas après repas, il est recommandé d'espacer la consommation de ces cryptogames en régions susceptibles d'être polluées. Autre pollution plus insidieuse, celle qui est due à des éléments radioactifs, dont les doses chez les champignons peuvent être très importantes et dépasser les doses admises pour la consommation.

Les principaux types d'intoxications reconnus sont les suivants:

- Syndrome phalloïdien, très grave, mortel, le plus fréquent en France, provoqué par certaines amanites, des lépiotes, des galérines. Le début de l'intoxication est tardif, six à dix heures voire plus après le repas; l'intoxication, provocant une dégénérescence du foie, se traduit par les étapes suivantes:

1. Période de latence entre 6 et 24 heures après le repas, le patient ne ressent aucune douleur.

2. Surviennent ensuite une forte gastro-entérite, des nausées, des vomissements répétés, des diarrhées et des douleurs abdominales, c'est la phase de déshydratation.

3. Entre 36 et 72 heures après la consommation, suit une période de récupération (fictive) pendant laquelle les toxines envahissent les cellules hépatiques et les nécrosent.

4. Finalement on aboutit à un stade hépatorénal, survenant 3 à 4 jours après l'ingestion des champignons, entraînant la défaillance hépatique et rénale, le coma et la mort.


- Syndrome orellanien, également mortel, due aux cortinaires jaunes et orangés tel le cortinaire des montagnes, dont la toxicité n'a été reconnue que récemment; le début, très tardif, se produit de trois jours à une ou deux semaines après la consommation; il se produit des lésions importantes des reins; les symptômes, graves, sont gastro-intestinaux, nausées, vomissements, coliques, soif, frissons.

- Syndrome muscarien, ou sudorien, causé par les espèces riches en muscarine, amanite tue-mouches, inocybe, clitocybe blanc; le début est brusque et rapide, entre une demi-heure et quatre heures après le repas; l'intoxication se caractérise par un déclenchement de toutes les sécrétions: sudation, salivation, larmes sécrétions nasales, accompagnées de nausées, de coliques, de tremblements; très alarmante, mais rarement mortelle.

- Syndrome panthérinien, grave, et causé par l'amanite panthère, l'amanite jonquille et l'amanite tue-mouches; se manifeste par l'hypersécrétion due à la muscarine, et par des effets nerveux, hallucinations, cauchemars, délire, folie fiévreuse, convulsions; elle débute rapidement, de une à quatre heures après l'ingestion.

- Syndrome gastro-intestinal, ou résinoïde, provoqué par diverses espèces, entolome livide, tricholome tigré, clitocybe de l'olivier; début souvent rapide, d'une vingtaine de minutes à quelques heures après le repas, se manifeste par des troubles intestinaux violents et douloureux avec vomissement, coliques, diarrhée. Des symptômes moins graves sont dus au bolet satan, à l'agaric jaunissant, aux russules et lactaires âcres.

- Syndrome psilocybien, ou hallucinogène, propre à certains psiloybes, panéoles, strophaires, est rare chez nous, mais fréquent en régions tropicales, où les espèces sont même recherchées pour leurs propriétés, leur récolte, leur transport, leur vente sont interdit en France au titre de drogue.

- Syndrome coprinien (effet antabuse), le syndrome coprinien est produit par la coprine, toxine présente dans le Coprin noir d'encre ou Coprin atramentaire (Coprinus atramentarius), les symptômes apparaissent uniquement s'il y a prise d'alcool, le risque existe même plusieurs jours après la consommation du champignon. Les symptômes surviennent entre 30 minutes et 2 heures après l'ingestion d'alcool

- Syndrome gyromitrien, le syndrome gyromitrien est produit par les Gyromitres, en particulier le Gyromitre dite comestible (Gyromitra esculenta) ce champignon est largement consommé cuit ou séché dans certaines régions, de nombreux cas d'intoxication sévère voire mortelle ont été rapportés. Les facteurs favorisant ont été l'ingestion d'une grande quantité de champignons et la répétition des repas à quelques jours d'intervalle. La toxine responsable est la gyromitrine, cette toxine est détruite à 99 % par la cuisson ou au séchage au soleil.

Les symptômes apparaissent entre 8 et 12 heures après l'ingestion (2 heures en cas d'intoxication sévère):

Troubles digestifs : nausées, vomissements, douleurs abdominales

Les symptômes peuvent s'arrêter là ou évoluer vers :

Une hépatite dans 36 à 48 heures après le repas

Des troubles neurologiques : somnolence, confusion, délire, tremblements

Une destruction des globules rouges du sang

Une insuffisance rénale

- intoxications diverses, outre les espèces indigestes ou mal tolérées individuellement, certains champignons provoquent des accidents plus ou moins bénins ou graves, diverses clavaires sont laxatives, parfois violemment. Certaines espèces ne sont toxiques qu'à l'état cru (gyromitre, helvelles, paxille enroulé, golmottes) car possédant des principes hémolytiques détruits par la chaleur. Parfois, les intoxications se produisent à la suite de plusieurs repas effectués sans problèmes, par une sorte d'effet cumulatif; pour les gyromitres par exemple. En vue de la consommation, les règles élémentaires de prudence s'imposent: bien connaître ce que l'on se propose de cuisiner, veiller à la fraîcheur de la récolte, espacer suffisamment les repas à base d'espèces réputées indigestes. Il serait bon de conserver un échantillon frais pour faciliter la détermination en cas d'intoxication. Noter que les intoxications à début rapide sont en général les plus bénignes. Dans tous les cas, l'hospitalisation dans un centre spécialisé est indispensable.

 

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